Au pays d’Alice : La Prophétie de l’Elue (16-17)
Attention, c’est bientôt la fin de l’histoire ! J’espère que vous ne m’en voulez pas pour ce qui est arrivé à Luna, mais rappelez-vous que je vous avais dit de ne pas pleurer tout de suite donc, c’est qu’il va y avoir une petite surprise ! Je vous laisse découvrir les deux chapitres suivants ! Bonne lecture ! Alice
Un rappel des chapitres précédents, pour ceux qui auraient pris un peu de retard dans la lecture !!!
La prophétie de l’Elue Prologue
La prophétie de l’Elue 11-12-13
Chapitre 16 : Renfort
Luna s’écroula à terre, un léger sourire sur les lèvres. L’homme-démon lança un cri de triomphe vers le ciel. Il avait réussi sa mission. Il allait pouvoir ramener la Magicienne Suprême et son maître allait pouvoir régner sur le monde ainsi que sur cette misérable vermine qui y vivait. Il voyait son adversaire, face contre terre, et il ressentit un élan d’orgueil. Il l’avait battue ! Il était plus fort que la Magicienne Suprême ! Soudain, il se rendit compte que s’il l’avait dominée, elle n’était pas si puissante que son maître aimait le prétendre. Les Immortels lui avaient peut-être corrompu l’esprit avec l’amour, l’amitié, l’attachement et la confiance, l’empêchant ainsi d’utiliser la totalité de sa véritable puissance. Oui, c’était sûrement ça ! A cause de ces maudites créatures immortelles, les plans de son maître seraient peut-être compromis… C’était à lui maintenant de veiller à ce que son maître massacre le royaume harmonieux de cette prétendue déesse qui avait corrompu ses disciples, ses sujets avec l’Amour, la Confiance, tous ces sentiments soit disant positifs !.. Et grâce à lui, son maître pourrait régner sur la Terre en terrorisant ses sujets, qui le craindraient et le vénéreraient.
C’était par la peur et la force qu’on régnait, et non par l’amour et par la compassion, l’homme-démon en était sûr… Perdu dans ses pensées, il s’agenouilla devant la dépouille de Luna et la chargea sur son dos, comme s’ il s’agissait d’un fardeau. Alors qu’il s’apprêtait à se téléporter, l’Élue sur son dos, il en fut empêché par une cage aux barreaux lumineux qui semblait capter son énergie magique comme son énergie humaine. Il observa autour de lui, cherchant les responsables de cette paralysie ainsi qu’une issue possible, mais sans y parvenir. Deux silhouettes féminines apparurent devant lui, comme sorties d’un épais nuage de fumée. L’une d’elle était habillée d’un kimono bleu marine qui lui arrivait aux pieds et qui faisait ressortir ses cheveux blonds, rassemblés en une queue de cheval, deux mèches rebelles encadrant son visage. L’autre portait un kimono vert foncé qui lui arrivait aux genoux avec une épée à la ceinture et ses cheveux noirs attachés en chignon.
La jeune fille brune l’apostropha :
– La personne que tu portes sur ton dos est au service de la Déesse, libère-la !
– Et en quel honneur ? répondit le prisonnier avec insolence, un rictus moqueur étirant ses lèvres boursouflés de cicatrices larges et profondes.
– Elle est de notre côté, pas du tien ! Libère-la où tu ne reverras plus jamais le soleil ! rétorqua la fille blonde avec une colère qu’elle avait du mal à contenir face à son ennemi qui les narguait, elle et son amie.
– Jamais ! A partir de maintenant, elle sert mon maître !
– Elle est au service de la Déesse ! répéta Arya, puisque c’était bel et bien elle.
L’Immortelle et Sérénity se rapprochèrent de la cage créée par la magie. Leur ennemi leur fit face, bien décidé à ne pas rater sa mission maintenant. Mais il se sentait plus faible que jamais à cause de cette maudite cage qui captait son énergie sans qu’il puisse s’en libérer et il se sentit soudainement incapable de battre les deux personnes qui se tenaient derrière les barreaux d’un blanc immaculé et lumineux. Cette situation lui était insupportable d’autant plus qu’il s’agissait de deux de ces Immortelles au service de cette soit-disant déesse…
Il jeta un regard par dessus son épaule, observant l’adolescente inconsciente tant convoitée par son maître. Comment allait-il réagir en apprenant que son disciple avait échoué dans sa mission ? Peu lui importait car il avait considérablement affaiblie l’Élue et elle serait sans défense pendant un bon moment. Son maître comprendrait, il en était sûr. Alors, il lâcha Luna avec nonchalance, comme si il se débarrassait d’un fardeau qu’il portait depuis trop longtemps sur son dos. Les visages des Immortelles se crispèrent imperceptiblement en voyant le corps de Luna s’écraser au sol mais elles n’esquissèrent pas un geste, surveillant leur ennemi sans ciller. L’homme, si on peut l’appeler ainsi car il ne présentait aucune trace d’humanité en lui, s’avança et serra de ses mains les barreaux de la cage qui l’entouraient, les secouant en tous sens sans arriver pour autant à s’en libérer. En enlevant ses paumes des barreaux incandescents, il remarqua qu’elles étaient striées de brûlures qui lui noircissaient la peau, lui donnant une teinte proche de celle du charbon, mais il ne s’en soucia guère ne ressentant aucune douleur. Il défia ses adversaires du regard, ses forces diminuant de plus en plus. Les Immortelles s’éloignèrent alors afin de se concerter loin d’éventuelles oreilles indiscrètes…
– Il faut soigner Luna au plus vite même si on a que de maigres chances de la sauver à mon avis, vu l’état de ses blessures… Je pense qu’elle a perdu beaucoup de sang… Mais on ne peut pas la soigner sans libérer notre ennemi… murmura une Sérénity désemparée.
– Il a l’air affaibli par ta prison mais s’il retourne auprès de son maître, cela risque de causer bien plus de dégâts qu’on ne pourrait l’imaginer… Surtout s’ il cherche à se venger… Tu ne peux pas tenir ta cage un peu plus longtemps, jusqu’à le rendre inconscient ?
– Je ne pense pas… Cela fait longtemps que je n’ai pas utilisé ce sort et il me coûte plus d’énergie que dans mes souvenirs…
– Il ne nous reste plus qu’à le libérer…
– Tu es devenue folle Arya ! On ne peut pas prendre le risque de laisser courir un tel monstre en liberté dans la nature !
– Et pourtant, si on veut sauver Luna, nous n’avons pas le choix ! Ce n’est pas de gaieté de coeur que je propose de le libérer, tu le sais…
– Je comprends mais… Enfin, si c’est pour sauver Luna, j’accepte…
Sérénity soupira et quand elle leva les bras au ciel, la cage se volatilisa d’un coup. Arya se jeta sur son adversaire à une vitesse irréelle, dégainant son sabre et le brandissant devant elle. L’homme-démon rassembla ses forces et se téléporta, un sourire moqueur éclairant son visage couvert de balafres. Arya cria sa frustration, frappant violemment de son sabre l’espace où se tenait son ennemi quelques instants plus tôt… Sérénity, quant à elle, se précipita vers Luna, l’ expression de son visage dévoilant sa terrible inquiétude et son mauvais pressentiment. Elle plaça sa main sur la poitrine immobile de la jeune fille et ferma les yeux, cherchant désespéremment à sentir le coeur de la jeune Elue battre dans sa main, sans succès. Le désespoir et la tristesse envahit alors la jeune fille blonde qui laissa échapper un gémissement de douleur qui alerta Arya.
– Qui y a-t-il ? demanda l’escrimeuse. Est-il possible de la sauver ?
Sérénity fit un signe négatif de la tête, le regard dans le vide.
– Nous sommes arrivées trop tard… murmura-t-elle.
Arya baissa la tête, partageant la tristesse de son amie.
– Alors, nous sommes perdus… le monde entier court à sa perte…
Sans plus rien dire, Arya s’agenouilla et prit Luna dans ses bras avant de se redresser lentement, serrant la dépouille de la jeune fille contre elle, comme une dernière étreinte. Sérénity se releva, levant les bras au ciel une nouvelle fois et murmura une incantation. Aussitôt, les curieux qui avaient tout vu de la confrontation s’observèrent, l’oeil hagard, ne gardant aucun souvenir du combat hors du commun auquel ils avaient assisté. Alors, les deux Immortelles disparurent en pleurant la disparition de la jeune Elue dans une pluie d’étoiles argentées tandis que la pluie s’abattait sur la capitale du Japon et que le vent soufflait violemment, semblant chuchoter :
– Nous sommes perdus…
Chapitre 17 : Entre la vie et la mort
Instantanément, les deux Immortelles réapparurent devant le Palais Divin, Arya tenant toujours le corps sans vie de Luna. Lorsqu’elles entrèrent par la porte principale, un immense portail en bois de chêne centenaire, une foule d’Immortels et d’Inides se jetèrent sur elles, Zéphyra et Lyla en tête. Quand la jeune fille vit le cadavre de sa meilleure amie, ses yeux se remplirent de larmes qui dévalèrent bientôt ses joues à grande vitesse. Un sanglot s’échappa de sa gorge et elle se prit la tête entre les mains, arrachant ses yeux de cet horrible spectacle funèbre. Xania posa une main compatissante sur l’épaule de la jeune fille en pleurs, cachant tant bien que mal la tristesse qu’elle ressentait au fond d’elle en voyant la dépouille de son élève à qui elle avait tout appris. A côté d’elle, un groupe d’Inides regardait le corps de Luna avec horreur, terrifiés. Le cadavre de Luna était mutilé de partout. Du sang perlait de ses plaies béantes, coulant et traçant des sillons écarlates sur la peau blafarde de la défunte. Les Immortels baissèrent la tête, maîtrisant à grande peine la tristesse et la colère qui tentait de s’emparer de leur coeur.
La Déesse s’avança, les yeux voilés par la peine. Elle caressa le front de sa protégée décédée avec délicatesse, comme par peur de la briser. Son regard survola les nombreuses blessures profondes et sanguinolantes qui couvraient le corps de la trépassée. La colère enserra son coeur dans un étau mais elle n’en fit rien paraître.
Tout le monde, qu’il soit Inide ou Immortel, avait maintenant les yeux rivés sur Héléna. Le menton de celle-ci tremblait imperceptiblement mais personne ne sembla l’avoir remarqué. Elle murmura quelque chose à Arya, se retourna et fendit la foule qui s’écarta sur son passage, le coeur prêt à exploser, tel une bombe. Arya s’avança, serrant Luna contre elle dans un geste possessif. Elle quitta la pièce dans une atmosphère lourde et suffocante, Sérénity sur les talons. Elles traversèrent un dédale de pièces et de couloirs avant d’arriver à la Caverne. La grande porte s’ouvrit devant les deux Immortelles, les invitant à entrer. Arya déposa doucement Luna sur son lit et s’assit auprès d’elle. D’une main, elle replaça les mèches brunes rebelles de la jeune fille derrière son oreille, dévoilant son visage serein et souriant mais rendu blême par le passage de la Grande Faucheuse. Le drap ainsi que l’oreiller et le matelas, ne tarda pas à se teinter peu à peu du sang de la défunte. Arya fut étonnée de voir un léger sourire flotter sur les lèvres de la jeune fille passée dans l’Au-Delà, ne l’ayant pas remarqué avant et le prenant comme l’ultime cadeau offert au monde des vivants avant qu’elle ne passe de vie à trépas. Sérénity la rejoignit, posant une main compatissante sur l’épaule crispée de l’Immortelle aux cheveux de jais, comme l’avait fait Xania quelques minutes plus tôt avec Lyla. La guerrière sursauta et se retourna vivement, faisant danser sa chevelure d’encre derrière elle. Sérénity lui offrit un sourire qui se voulait rassurant et triste à la fois, lui faisant comprendre qu’elle partageait sa douleur même si celle de son amie était plus grande que celle de l’Immortelle blonde. Arya baissa piteusement la tête et des larmes se mirent à dévaler ses joues à vive allure, terminant leur course sur le drap qu’elles humidifièrent un peu plus à chaque larme. Sérénity serra son amie dans ses bras à la manière d’une mère aimante.
– Elle ne méritait pas ça… gémit la jeune fille brune. Nous aurions dû être là pour l’assister, pour l’aider…
– Je sais, Ary… je sais…
– Elle ne méritait pas ça… Elle était bien trop jeune…
– Arya, je comprends tout à fait ce que tu ressens… Je sais que c’était ta cousine mais rappelle-toi que tu as promis de tout recommencer à zéro quant tu es entrée au service de la Déesse !
– Je l’avais fait ! Mais quand Luna est arrivée…
– Je sais et je te comprends…
– Comment ma mère arrive-t-elle à garder son calme dans une situation pareille alors que sa nièce a perdu la vie ? questionna la guerrière en sanglotant.
– Zéphyra a aussi du mal à maîtriser ses émotions, crois-moi ! Je l’ai vu retenir ses larmes tout à l’heure et elle était dans tous ses états quand Luna a tué Cobra au péril de sa vie ! la rassura Sérénity.
Trop occupées à se consoler, les deux Immortelles ne remarquèrent pas l’étrange phénomène qui se produisait tout près d’elle…
//*PDV Luna*//
J’ai froid… Très froid… Et bizarrement, quand je me dis ça, je sens de la chaleur s’insinuer en moi, se diffuser dans mes veines, dans mes organes, me réchauffant doucement. Autour de moi, les ténèbres absolues. Je ne sais pas où je me trouve ni si je suis vivante ou morte. Je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé. Aucun son ne me parvint. Tout était calme. Trop calme d’ailleurs, à mon goût. Je bouge doucement mes doigts. Je ne sens rien, absolument rien. Pourtant, mon instinct me souffle que je devrais avoir mal. Bizarre… Mes paupières refusent de s’ouvrir. Je suis toujours dans l’obscurité la plus totale. Soudain, j’arrive à ouvrir les yeux. Miracle ! Un flot de lumière aveuglante m’inonde, agressant sauvagement ma rétine. Je bats frénétiquement des paupières, tentant de m’habituer à cette luminosité. Je tourne lentement la tête sur le côté, en quête d’un indice qui m’indiquerait où je me trouve. Blanc. Tout est d’un blanc immaculé. Il n’y a aucun meuble, aucune ouverture… aucun mur ? Je me redresse lentement sur mes coudes. Je suis allongée à même le sol. Pour être plus précise, je suis couchée dans le vide… Je balaye les alentours du regard comme si c’était tout à fait normal mais je ne distingue aucune limite, aucun horizon. Une question s’impose doucement à mon esprit : Où suis-je ? Je me redresse encore jusqu’à être assise et je ramène mes jambes vers moi. Soudain, j’entends un bruit, un bruit de pas me semble-t-il. Non… Ça ressemble plutôt à un battement de coeur, une pulsation frappée à intervalles réguliers…
J’ai beau tendre l’oreille et regarder en tout sens mais je ne vois pas la source de ce son et je n’arrive pas à déterminer si il est proche ou éloigné. Je tourne la tête vivement pour regarder derrière moi et c’est tout juste si je ne me romps pas la nuque tellement je l’ai tournée à une vitesse irréelle. Soudain, devant moi, au loin, je distingue deux silhouettes qui sont si floues qu’il est impossible de les identifier. Elles se rapprochent doucement, semblant se diriger dans ma direction. Je me lève, tanguant légèrement avant de retrouver mon équilibre et j’attends que les silhouettes viennent à moi tout en les observant avec méfiance. Mon instinct me crie de m’enfuir en courant, de prendre mes jambes à mon cou, mais mon intuition me souffle que je ne cours aucun danger et que je n’ai aucune raison d’avoir peur. Je me tiens là, immobile, regardant les silhouettes glisser vers moi. D’ailleurs, plus elles se rapprochent, plus elles se précisent. Celle de gauche est celle d’ un homme d’une quarantaine d’années. Il est grand et costaud. Son front commence à être dégarni et ses yeux semblent si perçants que j’ai l’impression qu’il est capable de scrupter les moindres recoins de mon esprit. La deuxième silhouette à ses côtés est féminine. De là où je me tiens, je peux distinguer sa longue et opulente chevelure acajou qui lui tombe au milieu du dos. Je peux également constater qu’elle est grande et mince. Ses yeux, cachés sous sa frange droite et ses sourcils fins, semblent débordés d’une tendresse infinie. Je me fige brusquement. Jamais je n’aurais oublié ces visages qui m’ont tellement manqués !
– Luna !!!
– Maman !?…
Je me précipite vers les bras qui s’étaient ouverts comme pour m’accueillir après une bien trop longue séparation et je m’y blottis. Des larmes de joie débordèrent de mes yeux, dévalant mes joues et humidifiant au passage le pull de ma mère. Ses bras se refermèrent sur moi en une étreinte réconfortante. J’enfouis mon visage dans son cou, comme j’aimais le faire étant gamine, et j’inspirai la merveilleuse odeur de lavande dont était enveloppée ma mère. Elle me berça contre elle, me caressant tendrement les cheveux comme elle avait l’habitude de le faire pour me réconforter. Notre étreinte me sembla durer des heures. Soudain, un toussotement se fit entendre à ma gauche et une voix grave s’éleva, une pointe d’amusement y perçant :
– Et moi alors ? On m’ignore ?
Ma mère et moi souriâmes, amusées. Les bras qui m’avaient serrée et réconfortée me relâchèrent afin que je puisse sauter au cou de l’homme qui se tenait à nos côtés.
– Ah enfin ! A croire qu’on ne compte pas en ce monde ! râla mon père en feignant de bouder.
J’éclatai de rire, joyeuse comme un pinson. Il m’avait tellement manqué lui aussi ! Soudain, tout ce que j’avais vécu jusqu’à là me sembla dérisoire comparé au vide qu’avait laissé mes parents dans mon coeur après leur mort. Mais… s’ ils sont morts, je ne devrais pas être en face d’eux ! A moins que… je sois morte… Mais comment est-ce possible ? Soudain, tout mon combat contre l’homme-démon me revint en mémoire. Il m’avait tuée, comme il avait tué mes parents… Je me détachai doucement de mon père avant de murmurer :
– Je suis désolée… Je n’ai pas pu, je n’ai pas su vous venger…
Je baissai piteusement la tête. Ma mère m’observa et je suis sûre d’avoir vu un éclair de tristesse traverser ses yeux noisettes.
– Ne le sois pas, ma chérie! me souria-t-elle malgré tout. Te souviens-tu de ce qu’à dit Albus Dumbledore dans le tome 7 d’Harry Potter ?
– » N’aie pas pitié des morts. Aie plutôt pitié des vivants et surtout de ceux qui vivent sans amour. » récitai-je en chassant les larmes qui montaient à nouveau sous un battement de cils.
– Exactement ! N’aie pas pitié de nous car nous sommes heureux dans l’au-delà même si tu nous manques atrocement. Aie plutôt pitié des vivants qui continuent à souffrir sur la Terre et surtout de ceux qui ne connaitront jamais l’amour car eux souffriront plus que le reste de l’humanité !
Je savais qu’elle avait raison au fond de moi mais je refusai de me l’avouer. Car je devinais ce qu’elle allait me demander, inévitablement. Mon intuition le savait.
– Luna, s’il te plaît, je t’en supplie, repars, retourne auprès des vivants ! Tu dois chasser les forces obscures qui tentent de s’emparer de leur monde, tu es la seule à en avoir le pouvoir !
– Comment savez-vous ?…
– Que tu es une Elue ? termina mon père, alors que ma voix s’évanouit d’émotion sans pour autant franchir mes lèvres. Eh bien… Nous l’avons toujours su. Dès que tu es née, nous savions que tu avais quelque chose de spécial sans savoir vraiment quoi. Ta tante, qui est la soeur de ta mère, nous avait prévenu peu avant tes 13 ans. Zéphyra nous avait alors tout dévoilé, sans exception. Ton rôle, le royaume parallèle de la Déesse… Elle nous a tout révélé sauf l’existence des Immortels que nous connaissions.
– Attendez… Vous êtes en train de me dire que Zéphyra est ma tante et que vous étiez au courant de tout ? répliquai-je, abasourdie par ce que je venais d’apprendre. Et comment vous avez pu être déjà au courant de l’existence des Immortels ?
– Oui… répondit ma mère. Pardonne-nous de ne t’avoir rien dit mais ma soeur m’avait promis de tout te révéler en temps et en heure et nous avait fait jurer de ne rien te dire avant. Pour les Immortels, tu as peut-être appris que sur Terre, des familles ont été choisies pour transmettre ce sang si spécial. Eh bien, ma famille en fait partie…
– Mais alors, pourquoi es-tu morte ?!!!
– Parce que quand un enfant atteignait ses vingt ans, il avait le droit de choisir entre la voix de la Déesse et devenir humain. Zéphyra a décidé de rester Immortelle mais moi, j’ai choisi de devenir mortelle au grand désarroi de ma famille. Lors de sa visite, ma soeur m’a appris que ta cousine avait elle aussi choisi la voix de la Déesse. Je crois qu’elle s’appelle Arya…
– Mais c’est mon professeur de combat, d’escrime ! m’exclamai-je, sous l’effet de la surprise.
– Ça, ma soeur ne me l’avait pas révélé… Et puis, tu as d’autres membres de la famille auprès de toi ! Il y a ton grand-père, Dimitras, ses deux soeurs, Aki et Ame, et aussi ma cousine, Erin. Maintenant, tu n’es plus seule même si tu ne l’as jamais vraiment été ! m’expliqua ma mère en me faisant un petit sourire.
– Tu as expliqué que chaque enfant avait le choix de devenir Immortel ou non, l’aurai-je aussi ?
– Non, toi, tu es différente. Tu as été choisie parmi tous les nouveaux-nés pour devenir l’Elue. Mais le sang d’Immortelle qui coule dans tes veines te rend plus puissante que les autres Elus et te donnera l’immortalité à tes 20 ans si tu les acceptes bien entendu.
– Il ne me rendra pas immortelle. Je suis déjà morte !
– Peut-être mais il te donne le droit de choisir entre la mort ou continuer à mener ta vie.
Je savais ce qu’ils voulaient que je fasse mais l’idée de les quitter à nouveau m’était insupportable. Je n’y survivrai pas… Quand je me suis dis ça, j’ai rit intérieurement. C’est bizarre qu’une morte pense ça non ? La voix de ma mère me tira soudainement de mes pensées.
– Il faut que tu continues, Luna! Pour ceux qui sont morts mais surtout pour ceux qui vivent encore, qui souffrent et pour tes amis qui sont sûrement en train de pleurer ta disparition et que tu as abandonnée sur Terre !
Ça fait mal, de la part d’une mère qui m’a abandonnée à l’âge de 13 ans.
– Je ne les ai pas abandonnés !!! Et puis, vous aussi vous m’avez laissé tomber!
A la tête de ma mère, je sus que j’avais marqué un point mais aussi que je l’avais blessée.
-Luna… je te prie de me croire… Nous n’avons pas eu le temps de réagir… Et puis, c’était ça ou te livrer à l’ennemi alors… Nous n’avons jamais voulu t’abandonner, juste te protéger et si c’était à refaire, je le referai ! dit-elle, une note de supplice et de tristesse dans la voix.
Je ne savais plus quoi faire… Devais-je y retourner même s’il faut quitter mes parents une nouvelle fois ou rester là, avec eux, pour l’éternité ? Je savais que le choix le plus judicieux était le premier mais mon coeur me criait de choisir la deuxième option. Que devais-je faire ? Ma mère dut remarquer mon trouble car elle me prit dans ses bras et me serra contre elle.
– Luna… même si tu choisis de repartir, nous serons avec toi, quoi qu’il arrive, d’accord ?
J’acquiesçai d’un petit mouvement de la tête alors qu’une boule se formait dans ma gorge. Ses paroles m’avaient réconfortée mais m’avait également rappelé la séparation inévitable. J’avais pris ma décision. Ma mère recula et m’observa une dernière fois tout en caressant mes cheveux.
– Tu as fait le bon choix, ma chérie! me souria-t-elle alors que des larmes coulaient le long de ses joues.
N’y tenant plus, je me jetai dans ses bras pour y pleurer à mon aise. Nous restâmes plusieurs minutes ainsi, enlacées, immobiles, se réconfortant mutuellement. Mon père pleurait aussi et se rajouta à notre étreinte. Malheureusement, nous dûmes nous séparer, tant bien que mal. Ma mère me tendit alors un carnet et me dit :
– Prends-le, il est ensorcelé. Quand tu voudras nous parler, écris dedans !
Je le pris et le serrai tout contre moi. Mes parents allaient beaucoup me manquer, oui, mais je n’avais pas vraiment le choix… Je les étreignis une ultime fois et je me retournai, marchant vers l’inconnu, serrant le dernier cadeau de mes parents contre mon coeur et plissant les yeux afin de ne pas pleurer. Une porte se matérialisa soudain devant moi si brusquement que je faillis m’assommer ! Je me retournai pour dire adieu à mes parents mais trop tard, ils avaient déjà disparu. Je passai donc la porte d’un pas incertain, la vision brouillée par les larmes.
//*Fin PDV Luna*//
Je vous aurai prévenu ! Luna est entre la vie et la mort ! Maintenant, vous avez découvert quelques petits secrets sur notre héroïne et quelques membres de sa famille ! Il ne reste que 3 chapitres !
C’est bientôt la fin et je commence déjà à remercier tout ceux qui ont lu « »Le Commencement » depuis le début ! Je vous retrouve bientôt pour les derniers chapitres !
A bientôt pour découvrir la suite…. et la fin !!! Et je remercie également Aristote pour ses dessins !
🙂
1 réponse
[…] les chapitres précédents sont ici ! […]