Au pays d’Alice : La prophétie de L’Elue (14-15)
J’espère que les derniers chapitres vous ont plu et que vous êtes prêts à poursuivre l’aventure !
Si c’est le cas, vous ne pourrez plus revenir en arrière : frissons et adrénaline garantis !!!!
Tous les chapitres précédents ICI !
et merci à Aristote pour ses dessins !!!
Chapitre 14: L’homme-démon
Luna ouvrit les yeux sur le plafond blanc de sa chambre d’hotel. Elle s’assit sur son lit et passa une main dans ses cheveux collés à son crâne par la sueur. Un cauchemar, encore. Toujours le même.Il hantait chaque nuit son sommeil, rendant chaque jour ses rêves terrifiants. La jeune fille avait été traumatisée par la mort de ses parents, puis par celle de Kei et enfin par celle de ce jeune inconnu humain. Ces êtres innocents, tués par le Mal et les Ténèbres au nom d’on ne sait quelle cause. Les images de leurs cadavres hantaient ses nuits, la réveillant en sursaut, haletante et couverte de sueur. Des cernes apparaissaient sous ses yeux. Ses rêves, elle n’en avait parlés à personne. Une image apparut soudainement dans son esprit comme un flash, une révélation. C’était le corps de l’homme tué la veille. La jeune fille se prit la tête entre les mains en se balançant, en proie d’une grande détresse. Soudainement, elle releva brusquement la tête, se rappelant d’un détail qui venait de lui sauter aux yeux. Le cadavre portait d’étranges marques sanglantes dans le cou, ce qui lui rappela l’assassinat de ses parents. Eux aussi avaient eu ces mystérieuses marques au même endroit quand ils avaient été tués. Une coïncidence qui n’était sûrement pas un hasard. Luna reprit son balancement en gémissant d’incompréhension, de détresse et de peur. Puis, elle se leva brusquement, s’habille rapidement, passant une main dans ses cheveux en tentant tant bien que mal de les coiffer machinalement, son esprit concentré sur autre chose. Enfin, elle quitta l’hôtel sans même prendre un petit déjeuner, une erreur qu’elle regrettait bientôt… Elle marcha rapidement, se rendant sur les lieux du crime commis la veille. Alors qu’elle débouchait sur la rue de l’Empereur Akihito, un cri se fit entendre:
– TASUKETE !!!
Luna se précipita vers la provenance du cri, se fiant à son ouïe et à son instinct. Soudain, elle stoppa net devant la scène qui se déroulait devant elle. Quelqu’un, un passant humain sans aucun doute, se faisait transpercer de part en part par l’épée d’une étrange silhouette encapuchonnée qui dégageait une aura maléfique, malfaisante. La victime cracha du sang et sa tête commença à dodeliner sur le côté. Bientôt, sa poitrine s’affaissa, laissant échapper son dernier souffle, suivie de son corps, toujours transpercée sur la lame luisante de sang écarlate. Luna resta horrifiée devant cette scène. Une main devant sa bouche, elle s’empêcha de hurler de terreur, réprimant un haut-le-cœur. La silhouette encapuchonnée tourna lentement la tête vers la jeune fille et elle devina un sourire sur ses lèvres dissimulé sous la capuche. Le monstre se rendit compte que son épée traversait encore le corps de sa victime. Il la saisit et la secoua d’un geste désinvolte mais le cadavre ne glissa pas à terre pour autant. Agacé, il maintint le corps contre le sol avec son pied et sortit son épée d’un geste brusque et sec, aspergeant les alentours et sa cape de gouttelettes écarlates. Enfin, paraissant fier de lui, il se posta face à Luna, prêt à combattre. Quand l’Élue rouvrit les yeux, la colère avait remplacé l’horreur dans les pupilles noisettes de la protégée de la Déesse. Elle joignit ses mains et commença à réciter une formule d’invocation. L’individu sourit, dévoilant des crocs capable de déchirer la chair humaine d’un seul coup de dent. Il semblait sûr de lui et resta immobile, tenant toujours son épée contre lui, tel un trésor qu’il devait à tout prix protéger. Devant Luna, apparut bientôt un immense dragon aux écailles d’un blanc immaculé et étincelant. L’énorme bête se dressa sur ses puissantes pattes arrières, lança sa tête en arrière avec beaucoup de force avant de la ramener devant lui à une vitesse ahurissante afin de lancer un flot de flammes qui lécha les bâtiments, réduisant tout en cendres sur son passage. Enfin, l’individu bougea, un sourire moqueur et plein d’assurance sur les lèvres. Il fendit l’air de son bras, comme s’il embrassait l’horizon et le monde et une barrière protectrice et transparente apparut de nulle part autour de lui, le protégeant des flammes dévastatrices. Il fit un autre geste et le dragon s’effondra sur le sol, provoquant ainsi un terrible tremblement de terre qui fit vibrer et craqueler les immeubles aux alentours, si violent que Luna tomba face contre terre au milieu d’un nuage de poussière qui la fit tousser au point de presque cracher ses poumons sur le béton gris. Le dragon s’estompa doucement, le regard vide, avant de disparaître complètement de la surface de la Terre.
L’homme, qui était resté debout, abaissa lentement sa capuche, dévoilant ainsi son visage éclairé par un sourire qui exprimait à la fois son triomphe, son amusement et son mépris que lui inspirait sa minable adversaire. Une large cicatrice, de la largeur d’un demi-pouce environ, lui traversait son œil gauche, le rendant borgne. De son nez ne restaient que deux fentes. Une autre cicatrice partait de son oreille droite transformée en lambeaux de chair qui tombaient au coin de ses lèvres. Sur son front, deux cornes de bélier avaient poussé, menaçantes et couvertes de tâches sanglantes. Ses yeux étaient rouges, comme le sang sur son épée et sa cape, et son être tout entier respirait la cruauté et le mépris. Luna tourna la tête afin de l’observer et fut cloué sur place par la stupeur. Cet être lui rappelait Cobra contre qui elle avait combattu et avait failli mourir. Soudain, les paroles de Zéphyra lui revinrent en mémoire: « Si tu as besoin de moi, appelle-moi par télépathie ! Et fais-le au moindre problème… ». Alors que Luna rassemblait sa concentration afin d’exécuter les ordres de l’une de ses protectrices, une voix dans sa tête se fit entendre et lui chuchota: « Si tu as besoin des Immortelles à chaque fois qu’il y a un danger, si minuscule soit-il, comment comptes-tu réussir une mission toute seule un jour ? » Cette petite voix inspira confiance à Luna et elle décida de l’écouter. Elle avait raison après tout ! Il était temps qu’elle apprenne à se défendre seule. Pas question d’appeler Zéphyra à la rescousse à chaque fois qu’elle avait un problème ! Non, elle devait se débrouiller seule pour une fois et montrer qu’elle était capable de réussir une mission qui lui avait été confiée sans l’aide de personne ! Sur ces pensées, la jeune fille se releva en tanguant légèrement sur ses pieds, prête à en découdre une bonne fois pour toute avec ce mi-homme mi-démon.
Chapitre 15 : Combat acharné
Les deux adversaires se défièrent du regard sans qu’aucun ne fasse un geste. Après quelques minutes passées à se dévisager, l’homme-démon se mit à parler :
– Rejoins-nous, Magicienne Suprême ! Rejoins notre côté pour dominer le monde !
Luna le regarda avant de répondre d’un ton moqueur :
– Parce que vous pensez réellement que je vais vous rejoindre ? Vous avez tué ma famille, mes amis et détruit ce que j’avais de plus cher ! Et après ça, vous voulez que je vous rejoigne?
– De gré ou de force, tu nous rejoindras ! Et puis, il a bien fallu supprimer les obstacles qui nous empêchaient un jour ou l’autre de t’atteindre ! Il n’y a aucun pouvoir dans l’affection et l’amour, rien que de la médiocrité !
– De gré ou de force, vraiment ? lança Luna, un sourire moqueur étincelant sur les lèvres. Eh bien, vu que ça ne sera pas de gré,vous allez devoir utiliser la force!
– Et si je te dis qu’en nous rejoignant, tu reverras tes parents, je dois encore utiliser la force ?
Un coup de maître vraiment. Il faut bien l’avouer. Luna ne trouva rien à répondre. Revoir ses parents… Serait-ce possible un jour ? Soudain, un souvenir s’imposa à elle…
//*Flash-back*//
Luna se rendit comme tous les jours depuis deux ans sur la petite plage où l’attendait Sérénity pour sa leçon de magie. La jeune fille venait juste de sortir de sa leçon avec Xania où elles avaient parlé de Carl, un élu américain qui, tout comme la jeune fille, avait perdu ses parents. Cette leçon eut pour effet de rappeler à Luna le jour où elle avait découvert ses parents étendus sur le lit, sans vie. Une larme coula sur sa joue, suivie d’une deuxième. Bientôt, des flots de larmes jaillissaient de ses yeux, couraient le long de ses joues avant de tomber sur le sable. Soudain, une idée lui traversa l’esprit. La jeune fille releva la tête et chercha Sérénity du regard. L’Immortelle se tenait non loin de là et observait sa protégée avec compassion.
– Dis Sérénity, peut-on ressusciter les morts ?
La magicienne ne parut pas surprise par cette question mais elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils même si son regard resta le même, aussi doux que d’habitude.
– Non Luna, on ne peut pas. Et même si on le pouvait, on ne le ferait pas.
– Pourquoi?
– Car la mort fait partie de la vie et il ne faut pas troubler le repos éternel.
Luna baissa les yeux et son visage exprima clairement son évidente tristesse. Sérénity l’observa longuement, songeant à toutes les épreuves que la jeune fille avait traversées et qu’elle devrait encore traverser avant de trouver le repos, avant de reporter son attention sur les vagues qui se brisaient sur le sable humide et d’ajouter :
– Si un jour quelqu’un te dit qu’il peut ressusciter des êtres chers à ton cœur, il te mentira. En effet, on peut faire bouger des cadavres…
– Mais alors où est le problème ? coupa Luna.
– Le problème c’est qu’on ne peut pas faire revenir l’âme des morts. Une fois qu’ils sont entrés dans le royaume des morts, ils ne peuvent pas en ressortir. Celui qui essayera de ressusciter les morts ne donnera vie qu’à des corps dépourvus d’âme et de volonté, des enveloppes vides, reprit Sérénity.
Luna acquiesça en silence et se reconcentra sur sa leçon.
//*Fin duFlash-Back*//
La jeune fille secoua la tête et cria:
– C’est impossible ! On ne peut pas ressusciter les morts ! Vous bluffez !
L’homme-démon éclata d’un rire si puissant qu’il se répercuta sur les murs et les fit trembler.
– Ce que tu peux être naïve ! Mon maître est beaucoup plus puissant que ta prétendue déesse ! Lui, il peut ressusciter les morts !
La jeune fille commença à flancher mais les paroles de Sérénity résonnèrent dans ses oreilles : « Celui qui essayera de ressusciter les morts ne donnera vie qu’à des corps dépourvus d’âme et de volonté, des enveloppes vides ». Maintenant, Luna comprenait parfaitement ces paroles. Même si on pouvait redonner vie au corps d’un défunt, on ne pouvait pas lui redonner son âme et, ainsi, sa volonté propre. Ça ne serait donc que des marionnettes qui obéiraient aux ordres de leur créateur. Si l’homme-démon croyait pouvoir la berner, il allait s’en mordre les doigts !
– Ne mentez pas ! Comment osez-vous prétendre ressusciter les morts alors que vous vous en servez comme des marionnettes? s’écria la jeune fille, indignée.
L’homme-démon éclata d’un rire tonitruant.
– Les morts-vivants, des marionnettes ? Laisse-moi rire ! Si au moins ils servaient à quelque chose ! Cobra n’a réussi qu’à tuer un misérable humain et a capturer la Gardienne avant que tu ne le tues !I l a été inutile !
Luna vit rouge. Alors comme ça, la vie ne représentait donc rien pour son adversaire ? Tuer quelqu’un de sang froid ne lui faisait rien ?Quelle créature abjecte ! Comment une telle cruauté pouvait-elle exister dans ce monde ? Sa colère monta d’un cran, remplissant chaque fibre de son corps d’une énergie nouvelle. Comment un monstre sanguinaire de la sorte a-t-il pu croire qu’elle allait accepter de les rejoindre et de tuer de sang froid ? La jeune fille se campa sur ses deux pieds et murmura une formule d’invocation en joignant ses paumes, les paupières fermées.
Quand elle eut terminé, un oiseau de grande taille apparut devant elle et l’Élue sauta sur son dos avant qu’il ne décolle en battant l’air de ses ailes puissantes. Une fois en hauteur, Luna invoqua son arc argenté et son carquois assorti. Elle décocha une flèche, murmura un sortilège et la pointe de la flèche s’embrasa. La jeune fille visa et tira mais son adversaire esquiva habilement sans qu’elle ne parvienne à le frôler. Elle abattit une dizaine de flèches sur lui sans réussir à le toucher une seule fois. Son adversaire semblait vraiment coriace… Sa monture volait haut dans le ciel gris si bien que des habitants de Tokyo l’aperçurent et la fixèrent, époustouflés. Luna, concentrée sur son combat, ne s’en préoccupa pas, si bien qu’elle ne remarqua pas l’arrivée de la police japonaise. L’oiseau s’immobilisa soudainement et tomba à terre en faisant trembler le sol, les yeux révulsés. La jeune fille se retrouva à terre également et essaya de bouger à grande peine. Son adversaire s’avança vers elle, un sourire de triomphe sur les lèvres, la saisit afin de la jeter pardessus son épaule, la tenant par les chevilles, tel un sac inerte. Il fit face aux policiers en éclatant d’un rire cruel, à vous glacer d’effroi. Il balaya les humains d’un simple geste et bientôt, il ne resta que des corps désarticulés gisant à terre. Devant ce triste spectacle, la colère reprit le dessus dans le cœur de Luna, diffusant une nouvelle fois de l’énergie dans les muscles de la jeune fille. Elle invoqua silencieusement son poignard et le planta dans le dos de son ennemi qui laissa un juron de douleur s’échapper de sa bouche. Il la lâcha et elle exécuta une pirouette afin de retomber sur ses pieds. Elle fit face à son adversaire, le défiant du regard. Elle ferma les yeux, joignit ses paumes avant de prononcer tout bas :
– Nature,toi qui nous soutient et nous accorde de quoi vivre, je t’appelle et implore ton aide.
La végétation répondit à son appel instantanément et se manifesta d’une manière inattendue. Les arbres bordant la route élancèrent leurs branches vers le ciel. Les fleurs tournèrent leurs pétales vers la jeune fille. Le vent se leva et se mit à souffler bruyamment. Le gazouillement de l’eau ainsi que le crépitement des flammes se firent entendre. Les oiseaux s’envolèrent et formèrent un cercle au-dessus de Luna. Le goudron se fissura et laissa entrevoir la terre. L’odeur de l’herbe, des forêts, des fleurs envahit l’espace. D’autres policiers, qui avaient remplacé les premiers, furent témoins de la scène, partagés entre la peur et l’émerveillement. Un léger halo vert et marron entourait la jeune fille responsable de tous ces phénomènes fabuleux. Un rayon de soleil perça même l’épaisse couche de nuages gris pour tomber sur l’Élue. Soudain, la jeune magicienne ouvrit les yeux et étendit ses mains devant elle. Des racines émergèrent du sol et tentèrent d’entraver les membres de l’homme-démon sans succès malheureusement car celui-ci bondit avec l’agilité d’un félin. Brusquement, les branches des arbres s’allongèrent et s’enroulèrent autour des poignets de l’ennemi qui les fit exploser. Une bourrasque de vent d’une violence inouïe fit s’envoler des poubelles et divers objets mais l’adversaire de la jeune fille résista sans difficulté apparente, se campant fièrement sur ses pieds. Voyant qu’aucune de ses attaques n’étaient efficaces, Luna changea de tactique et murmura :
– Je te remercie, Nature, tu peux partir. Lumière, toi qui nous permet de voir, je t’appelle et implore ton aide.
Suite à ces mots, la nature redevint ordinaire et bientôt, la ville fut baignée d’une douce lumière. Luna étendit une nouvelle fois ses bras devant elle et un faisceau lumineux aveuglant quitta ses doigts en direction de son ennemi. Il esquiva une nouvelle fois et l’attaque de l’Élue percuta un policier japonais. Sous le coup de la colère, elle n’y prêta pas attention. La seule chose qui comptait, à ce moment-là, c’était que son plan avait échoué. Elle changea une fois encore de stratégie et chuchota de manière inaudible à nouveau :
– Je te remercie, Lumière, tu peux t’en aller. Foudre, je t’appelle et implore ton aide.
La lumière s’évanouit et fut remplacée par des éclairs qui zébrèrent le ciel devenu gris sombre comme le plomb. La foudre frappa juste devant l’homme-démon, laissant un trou fumant dans le goudron. La deuxième fois, l’éclair frappa une voiture mais au bout de la troisième tentative, elle atteignit sa cible. Le monstre se mit à grésiller pendant quelques secondes, posa un genou à terre, tentant de reprendre son souffle après une telle décharge. Luna renvoya la Foudre et implora les cinq éléments de venir l’aider à venir à bout de son ennemi infatigable. Entre ses mains apparut une sphère colorée qui grandissait à vue d’œil et qui atteignit bientôt la taille d’un ballon de basket. Elle la lança sans plus attendre sur son ennemi mais celle-ci fut déviée de sa trajectoire par la barrière protectrice que l’homme-démon avait invoqué autour de lui et termina sa course sur le mur d’un immeuble qui explosa à son contact, laissant un trou béant à la place. L’immeuble commença à s’effondrer lentement, penchant dangereusement du côté de la route où se déroulait le combat hors du commun. Luna poussa un grognement de mécontentement. Ses attaques magiques n’avaient eu aucun effet sur son adversaire et elle avait blessé des innocents. Elle devait en finir au plus vite. Luna renvoya les cinq éléments et invoqua son sabre qui apparut dans sa main droite, installé comme toujours dans son fourreau joliment et délicatement décoré de fils d’or et d’argent, dessinant un dragon. L’homme-démon, qui comprit instantanément ce qu’elle comptait faire, fit disparaître la barrière et invoqua à son tour une épée, la même qu’il avait utilisé pour éventrer l’innocent passant, tout en se relevant. Luna, quant à elle, se sentait épuisée après avoir tant sollicité la magie. Mais la même détermination qu’au début du combat et la même colère brillaient dans ses yeux qui semblaient animés par des flammes de vengeance ardente.
Les deux ennemis se rapprochèrent, l’arme au poing, après l’avoir dégainé, essayant d’impressionner son adversaire. Et le combat reprit, tout aussi violent qu’au début. Les lames s’entrechoquèrent avec une violence inouïe, des étincelles en jaillissant. Les cheveux de la jeune fille volaient et Luna se déplaçait avec souplesse, tout comme son adversaire qui se révéla être un puissant escrimeur. Les ondes de choc créées quand les lames se croisaient se répercutaient dans les bras puis dans tout le corps des deux rivaux. Luna bondissait, esquivait, parait, attaquait avec une force et une agilité hors du commun pour son âge et malgré sa fatigue. L’homme-démon, quant à lui, n’était pas en reste. Il maîtrisait parfaitement son épée et semblait connaître les moindres mouvements de Luna à l’avance, parant ses coups avec une évidente facilité non feinte. La jeune fille n’arriva pas à prendre le dessus sur son ennemi et sa rage se lisait dans ses yeux flamboyants. Bientôt, elle commença à voir trouble. La magie avait usé trop d’énergie et elle en payait les frais. Ses vêtements étaient trempés de sueur ainsi que son visage, sa nuque et ses bras. Sa concentration commençait à vaciller si bien que son adversaire profita d’une de ses ouvertures pour lui porter un violent coup à la cuisse. La douleur irradia dans toute sa jambe et elle hurla. Il continua à frapper encore et encore, inlassablement, un sourire cruel se dessinant sur ses lèvres. Il la toucha aux côtes, à l’épaule, au genou, au coude et à la cheville. La jeune fille était malmenée par l’épée sous les yeux impuissants des policiers et des curieux qui s’étaient rassemblés et qui observaient le combat avec fascination puis avec peur. Des blessures sanguinolentes apparurent sur les membres de l’Élue qui criait à s’en déchirer la voix. Ses vêtements désormais en lambeaux étaient souillés de son sang écarlate qui traçait une ligne rouge sur sa peau blanchâtre. Elle était essoufflée, ses oreilles sifflaient, sa vue était floue, ses membres s’engourdissaient, la douleur envahissait tout son corps progressivement, lentement… Elle était à bout. Le désespoir remplaça la colère dans son cœur. Elle allait sûrement périr ici, humiliée, sous les coups de son adversaire qui avait pourtant reçu l’ordre de la ramener vivante. Elle posa un genou à terre, les forces l’abandonnèrent peu à peu. Elle n’y réchappera pas, pas comme cinq ans auparavant. Pas comme le combat contre Cobra. Cette fois, c’était bel et bien la fin, elle n’y pouvait rien. Tout était de sa faute. Elle avait raté sa mission et elle allait mourir. Des souvenirs affluèrent alors dans son esprit une dernière et ultime fois.
//*Flash-Back*//
– Dis, maman, est-ce que la magie existe ? demanda Luna d’une voix fluette.
– Non, mon ange, car sinon, nous n’aurions aucun problème! répondit Léa Moraut.
– Mais alors, les fées non plus n’existent pas ?
– Non, elles aussi sont des légendes.
– Et les dragons ? Et les dieux ?
– Rien de tout ça n’existe ma chérie…
– Mais alors, pourquoi sont-ils dans les histoires que tu me lis le soir ? demanda tristement la jeune fille en baissant la tête.
– Car, ce qu’on écrit dans les livres, on aimerait que ça soit vrai… Un livre est un univers qui nous permet d’échapper à la réalité. Mais tu es trop jeune pour comprendre cela ma chérie !
– Alors, je ne verrai jamais de fées ?
– Non, mais tu peux les imaginer et elles existeront dans ton cœur, pour toujours.
Sur ces mots, Léa prit la petite dans ses bras et la câlina jusqu’à ce que celle-ci s’endorme paisiblement sur sa poitrine.
//*Fin du Flash-Back*//
A ces souvenirs, Luna trouva la force de sourire faiblement. La magie existait bel et bien mais elle pouvait également servir des fins maléfiques. Aujourd’hui, Luna allait rejoindre ses parents même si elle devait abandonner les Immortels, la Déesse et Lyla, devenus si chers à son cœur, devenus sa famille depuis la malheureuse disparition de ses parents biologiques. Zéphyra avait remplacé sa mère, l’avait consolée à chaque fois qu’elle en avait eu besoin. Julia prenait soin de la Caverne, là où elle se sentait chez elle depuis cinq ans et l’avait conseillée. Héléna, Sérénity, Xania et Arya… Elles l’avaient instruite et lui avait tout appris. Sans elles, elle n’en serait pas là. Et puis, il y avait Lyla… Elle était devenue sa meilleure amie depuis le temps. Elle allait beaucoup lui manquer comme tous les autres. Et Ryû alors… Lui aussi, il lui manquerait, même si ils n’avaient pas fait grande connaissance, elle était sûre d’une chose, il lui plaisait beaucoup et si elle était restée en vie, ils se seraient sûrement retrouvés ensemble. Des larmes coulèrent lentement sur les joues de la jeune fille, enlevant la poussière qui lui couvrait le visage. Oui, elle avait changé durant cinq ans, elle avait grandi avec sa nouvelle famille et ses amis. Oui, ils allaient lui manquer. Elle se rappela les après-midi à plaisanter avec Lyla et les autres Inides, les matins à étudier la magie, le combat, l’histoire, les langues et diverses choses tout aussi intéressantes. Elle n’aurait jamais imaginé être heureuse après la mort de ses parents et pourtant, ça avait été le cas. Ils avaient su combler le vide au fond d’elle. Elle ne les remercierait jamais assez et elle n’avait plus le temps de le faire. Ces minutes qui passaient doucement étaient ses dernières, elle en était sûre. Alors, autant les passer à sourire, à remercier mentalement ses protectrices et ses amis que plus jamais elle ne reverrait et à se souvenir du temps passé avec eux, de la joie qu’elle avait ressentie durant ces cinq années d’apprentissage. A nouveau, un sourire fendit son visage. Un rayon de soleil traversa les nuages, l’illuminant d’une étrange lumière. On aurait dit qu’elle s’apprêtait à rejoindre le ciel, peut-être parce que c’était le cas. Elle puisa la force dans ses émotions et releva fièrement la tête, défiant son adversaire qu’elle n’avait pas réussi à vaincre du regard. Elle n’avait pas peur, non, elle était triste et heureuse à la fois. Par contre, elle en connaissait un qui allait avoir des ennuis. Cette perspective la fit sourire davantage et elle éclata de rire. Il rebondit sur les murs, envahit l’air, remplaçant le silence de vigueur depuis le début du combat. Rassemblant ses dernières forces, elle se concentra, ferma les yeux et appela les Immortelles à son secours, ou plutôt, elle leur demandait de venger sa mort. Oui, c’était plutôt ça car elle ne pouvait pas être sauvée. Elle avait survécu à son premier combat contre une créature de l’Obscurité mais son deuxième l’emporterait pour toujours. Elle n’avait pas le choix et devait s’incliner devant son destin. Elle vit son ennemi s’avancer vers elle, silhouette inquiétante. N’en pouvant plus, son corps lâcha et elle se retrouva face contre terre. Sa fin était arrivée. Elle allait retrouver ses parents. Cinq ans, c’était trop long comme séparation… Elle garda les yeux ouverts jusqu’au dernier moment et elle avait bien fait. Elle n’en crut pas ses yeux quand elle vit des fées tournant autour d’elle. Des petits êtres translucides aux ailes de libellule tournaient au-dessus d’elle. Elle en était sûre maintenant, les fées existaient comme les dragons, les licornes et autres créatures fantastiques, légendaires, qu’on ne trouvait que dans les livres. Ses paupières se fermèrent d’elles-mêmes et sa poitrine s’affaissa. Son sourire resta figé sur ses lèvres. Elle reposait en paix maintenant, elle ne souffrirait plus…
J’espère que ces deux chapitres vous ont plu et que vous ne m’en voulez pas trop pour Luna !!! Ne pleurez pas trop vite car, très bientôt, vous allez avoir une surprise, promis ! Il ne reste que 5 chapitres avant la fin du Tome 1 ! Alors, dites-moi en commentaire si vous voulez un tome 2 ou non ! Mais je pense que j’en ferai un ! N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez du roman en général ! Ah oui, autre chose : ce roman est en réécriture. Je me suis rendue compte que mon style d’écriture avait évolué depuis le début alors je remets les premiers chapitres à jour ! Vous aurez certainement l’occasion de découvrir cela 😉
A bientôt pour la suite et encore merci de lire mon roman ! Alice
bien joué pour vous deux car votre texte et vos dessins sont fantastiques mais ce qu il me plairait c est d avoir des animaux non réels comme des dinosaures avec des ailes